Q&R RL : Le comte Spencer

Adolescent, vous avez été guide touristique à Althorp. Qu'est-ce qui vous a motivé ?
J'ai grandi dans la splendeur de cette magnifique demeure et l'histoire m'a toujours passionné plus que toute autre matière à l'école. Il était donc naturel de vouloir être guide touristique pendant les vacances d'été. Je m'intéresse plus facilement aux histoires évoquées par les 650 portraits qui composent la collection d'Althorp qu'à la vaisselle ou au mobilier. Ce qui me passionne dans l'histoire ce sont les personnages. Et les hommes et les femmes qui sont représentés dans leurs cadres dorés ont eu des vies absolument fascinantes. Ce qui me plaisait aussi, c'était l'argent de poche que je gagnais grâce à mon travail de guide !

Quels sont les souvenirs les plus marquants de votre enfance à Althorp ?
Mes souvenirs les plus anciens remontent à l'époque où je rendais visite à mes grands-parents qui vivaient ici, lorsque j'étais un petit garçon. Ma grand-mère était une personne adorable. Après sa mort, en 1972, l'hospice local a été baptisé "Cynthia Spencer" en sa mémoire, et on me rapporte toujours des choses très gentilles sur les actions qu'elle a menées au sein de la communauté. Elle était très généreuse et enjouée avec nous. Mon grand-père n'était pas à l'aise dans l'intimité. Il incarnait l'autorité — c'était un homme de l'ère édouardienne — et lorsque nous étions enfants, notre comportement devait être irréprochable en sa présence. Diana [la sœur du comte Spencer, la défunte Princesse de Galles] et moi, nous partagions toujours la même chambre — la nursery. Elle était éclairée d'une bougie chancelante pour que nous n'ayons pas trop peur lorsque nous étions plongés dans la pénombre de cette immense maison, avec les bruits étranges des gardes effectuant leurs rondes ainsi que les parquets qui craquent et les bruits sourds des vieilles pendules.

Vous y vivez désormais. Qu'est-ce qui vous plait le plus dans le fait de vivre dans cette maison ?
J'ai repris Althorp à l'âge de 27 ans. J'ai rénové la toiture, les façades, remis la plomberie et l'électricité en état et redécoré la quasi-totalité des 90 pièces. Je l'apprécie encore plus chaque jour pour son histoire, sa beauté, son élégance anglaise traditionnelle. Il y a toujours de nouveaux projets à mettre en place — c'est une propriété très moderne — et on aborde chaque nouvelle année avec passion et impatience. J'ai la chance d'être propriétaire d'autres domaines, mais je pense que comme pour tous les membres de la famille Spencer, où que nous soyons, notre cœur se trouve à Althorp.

Pour ceux qui ont la chance d'être invités dans votre propriété, quelle est la bonne tenue à porter et comment le code vestimentaire a-t-il évolué au fil des ans ?
Ma femme, Karen, et moi-même, nous avons un style plutôt décontracté au quotidien. Elle est très belle et dotée d'une élégance naturelle. Honnêtement, peu importe ce qu'elle porte, elle est toujours sublime. Cela dit, nous avons constaté que nos visiteurs aimaient beaucoup s'habiller lorsqu'ils venaient à Althorp le week-end. C'est ce à quoi ils s'attendent et c'est une façon de rendre hommage au lieu. Alors le samedi soir, c'est tenue de soirée. Six ou sept week-ends par an, la maison est remplie d'amis et de membres de la famille, et ces samedis soirs nous connectent avec les grandes réceptions d'autrefois. Mais nous souhaitons également que les visiteurs profitent de leur séjour ici et ne se sentent pas écrasés sous le poids de l'histoire. Le reste du temps, il n'y a donc aucun code vestimentaire. On s'habille comme on veut. Certains jouent les dandys et d'autres sont en chinos.

Pour finir, nous nous devons d'aborder la question des fantômes, qui sont censés hanter toutes les grandes demeures. Des spectres se sont-ils manifestés récemment ?
Il y a 20 ans, la nouvelle compagne de l'un de mes vieux amis était convaincue qu'elle avait vu le fantôme d'un majordome d'Althorp, un homme qui, je l'ai découvert, était mort depuis plus d'un siècle. Les détails qu'elle a fournis étaient incroyables et je suis certain qu'elle était convaincue de ce qu'elle disait. Mais j'ai du mal à imaginer que quelqu'un puisse croiser un fantôme terrifiant ici — c'est un endroit trop joyeux et vivant. Ils n'auraient pas leur place à Althorp.